[Série US] Selfie : « while I’m looking at me, I’m hoping to find you »

La grande mode de la rentrée 2014 chez les sitcoms était à la comédie romantique. A to Z, Marry Me, Manhattan Love Story, elles s’y sont toutes mises avec plus ou moins de bonheur (quand on voit que plus de la moitié de ces programmes ont été annulé ça laisse songeur).
Selfie ne déroge pas à la règle mais en plus de cela elle se targue d’adapter à sa sauce la comédie musicale My Fair Lady avec Audrey Hepburn. Que ce soit un coup marketing pour se démarquer de sa concurrence ou une véritable envie de relecture d’une oeuvre culte, on oublie assez vite ce détail car à part quelques similitudes la série se détache assez rapidement de son modèle.

Diffusée entre octobre et décembre 2014 sur ABC, Selfie narre les déboires d’Eliza Dooley (Karen Gillian) une jeune femme accro aux réseaux sociaux. Twitter, Instagram, Facebook n’ont aucun secret pour elle. Eliza est la reine du hashtag. Cela se retourne malheureusement contre elle après une rupture humiliante qui fera le tour de la toile en plus d’être vécue en direct par ses collègues. L’un deux, Henry Higgs (John Cho), décide d’aider la jeune femme à se sortir de ce mauvais pas et à retrouver le respect de ses pairs.

SELFIE

Le pilot, sans être désagréable à regarder, pouvait inquiéter un peu sur le propos de la série. En effet, entre les gags scatho, le jargon 2.0 débité au rythme d’une mitraillette et l’ambiance un peu machiste il y avait de quoi ne pas être convaincu sur le coup. Eliza est une jeune femme qui vit dans sa bulle virtuelle, ce qui la rend proprement inapte à se sociabiliser et à affronter le vrai monde. Le problème du pilot est qu’elle apparaît comme quelqu’un de complètement narcissique et superficielle, sans une once de profondeur. Difficile de s’attacher à un tel personnage et ce n’est pas mieux du côté du lead masculin. Henry Higgs est un workaholic patenté, guindé et un poil suffisant (jusqu’ici il suit bien son modèle Henry Higgins). Paternaliste à l’égard d’Eliza, il va lui prodiguer des conseilles pour bien se comporter envers ses collègues, porter des tenues convenables, ne pas abuser sur le maquillage. En gros, à être une gentille femme parfaite rentrant dans le moule des standards de la société patriarcale.
On peut dire pour le coup que le pilot est assez maladroit avec le message qu’il veut véhiculer. Heureusement il y a des à côtés sympathiques, comme une reprise impromptue de Lady Gaga au ukulélé et des personnages secondaires réussis. Mais plus important, la série rectifie le tir au fil des épisodes et équilibre notamment la relation entre Eliza et Henry.
Henry a en effet tout autant besoin de l’aide d’Eliza. Rigide, marié à son boulot et sérieux en toutes circonstances, John Cho campe un personnage qui a du mal à lâcher prise et qui s’est forgé une carapace imperméable. Si les bonnes manières et les conventions sociales n’ont pas de secrets pour lui il n’en est pas moins autant inapte à se lier à d’autres personnes qu’Eliza. Finalement, la personnalité excentrique de la jeune femme va lui permettre de sortir un peu de sa zone de confort. Et dès que la série parvient à recalibrer la relation entre ces deux personnages elle va pouvoir décoller et trouver son ton.
Les personnages prennent plus d’épaisseur, l’humour fait mouche et la romance est subtilement dosée, l’alchimie entre les deux acteurs y étant également pour beaucoup – ce qui ne semblait pas forcément une évidence au premier abord.

En effet, si je me réjouissais de voir John Cho au casting et n’avait aucun doute sur son talent j’étais un peu moins enthousiaste à l’idée de retrouver Karen Gillian. L’actrice m’avait laissé assez indifférente dans Doctor Who et je n’ai jamais pu apprécié son personnage.
Mais Gillian s’avère être la bonne surprise de Selfie. Elle s’est considérablement améliorée depuis ses débuts et elle dévoile ici un potentiel comique insoupçonné. Elle parvient à jongler parfaitement entre l’excentricité et la vulnérabilité d’Eliza et le duo fonctionne parfaitement.
La série propose également un ensemble cast des plus solides avec des seconds rôles à la fois drôles et attachants. Entre le boss allumé, la standardiste, la voisine d’Eliza et tout le petit monde du bureau, on est bien entouré dans l’univers de Selfie.
Malheureusement les audiences n’ont pas suivis aux États-Unis et la série a été annulée au terme de sa commande initiale de 13 épisodes.

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Si Selfie connaît un démarrage assez moyen, elle se révèle rapidement comme une très bonne surprise. Drôle, attachante, parsemée de moments parfois sexy parfois touchant, la série parvient à trouver son équilibre avant de prendre fin abruptement. Toutefois, cette fin prématurée est plutôt bien gérée et ne nous laisse pas sur une note trop amère.
Pensez-y comme une petite comédie sympathique à regarder entre deux saisons de vos séries fleuves et vous aurez droit à un divertissement léger qui met du baume au cœur.

Selfie (ABC), créée par Emily Kapnek, États-Unis, 2014. 13 épisodes, 22 minutes.
Avec John Cho, Karen Gillian, David Harewood, Da’vine Joy Randolph, Allyn Rachel, Giacomo Gianniotti

5 réflexions sur “[Série US] Selfie : « while I’m looking at me, I’m hoping to find you »

  1. bobtista dit :

    Comme tu le sais peut-être je suis pas vraiment sitcoms et comme beaucoup ont l’air de s’être cassé le nez cette année permets-moi de dire ici que Fresh Off The Boat est agréable et a de grandes chances d’être renouvelée.

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      • tortuesolaire dit :

        J’ai regardé les deux premiers épisodes en partant avec un a priori positif mais ça m’a pas convaincu plus que ça. En fait, à part Constance Wu, je trouve le timing des acteurs parfois un peu à côté et ça donne un rythme bizarre.
        Mais si tu me dis que ça s’améliore par la suite je suis prête à lui redonner une chance 🙂

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      • bobtista dit :

        Bah j’avais trouvé les débuts assez faibles mais oui en effet ça s’améliore avec le temps. Après c’est pas un chef-d’oeuvre, loin de là, mais je me surprends à continuer 🙂

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