[Lecture] Le Protectorat de l’ombrelle, tome 1 : Sans Âme

Difficile de faire la critique d’un livre qu’on n’a pas aimé. Je préférerais tout autant l’enterrer au fond de mon jardin et ne plus jamais en parler, mais ça serait trop facile si on ne faisait que des critiques de choses qu’on adore. Non, il faut que vous sachiez. Que le monde sache !

Et puis entre nous, ce livre n’a tout de même pas dépassé le statut de Thérèse Raquin de Zola. Ma némésis littéraire, insurpassable et inqualifiable. Celui-là je n’en parlerai jamais. Jamais !

Revenons à nos moutons. Après avoir passé des semaines, que dis-je, des mois à m’enquiller du Anna Karénine, j’avais envie de me détendre avec une lecture légère et amusante. À l’époque je commençais à m’intéresser à l’univers du steampunk et ce fut donc mon second critère pour choisir ma lecture. Avec sa couverture plutôt avenante, Sans Âme de Gail Carriger semblait avoir tous les ingrédients de la parfaite lecture récréative.
Le résumé lui-même est léger avec une pointe d’humour sympathique, jugez plutôt :

Miss Alexia Tarabotti doit composer avec quelques contraintes sociales. Primo, elle n’a pas d’âme. Deuxio, elle est toujours célibataire. Tertio, elle vient de se faire grossièrement attaquer par un vampire qui ne lui avait même pas été présenté ! Que faire ? Rien de bien apparemment, car Alexia tue accidentellement le vampire. Lord Maccon – beau et compliqué, écossais et loup-garou – est envoyé par la reine Victoria pour démêler l’affaire.
Des vampires indésirables s’en mêlent, d’autres disparaissent, et tout le monde pense qu’Alexia est responsable. Mais que se trame-t-il réellement dans la bonne société londonienne ?

Ce que je ne savais pas (mais après réflexion les indices étaient évidents) c’est que je m’engouffrais en même temps dans un genre qui m’était jusqu’ici inconnu : la bit-lit. Je me suis souvent dit que ce genre n’étais pas pour moi mais j’ai toujours préféré critiquer en connaissance de cause. C’est pourquoi j’ai accueilli Sans Âme sans a priori et avec optimisme.

couv10790484L’histoire de Sans Âme nous présente un joyeux fourre-tout surnaturelle avec une société londonienne légèrement steampunk, des vampires, des loup-garous, des scientifiques fous et toute une théorie farfelue sur les personnes qui n’ont pas d’âme. Notre héroïne, Alexia Tarabotti, est affligée de cette condition a priori très rare et qu’il ne vaut mieux pas ébruiter. Elle se fait pourtant un plaisir de nous le rappeler fréquemment et que vraiment, puisqu’elle n’a pas d’âme elle ne ressent pas les choses comme le commun des mortels. En plus de cela, lorsqu’un être surnaturel rentre en contact avec elle il perd tout ses pouvoirs et devient un humain normal, ce qui est bien pratique lorsqu’un vampire à la mauvaise idée de baver sur la demoiselle par exemple.
Ce principe de personnes sans âme est original et c’est une des choses qui m’a plutôt plu dans le livre, malheureusement ce n’est pas autant exploité que je l’aurais aimé. De plus, Alexia a beau répéter qu’elle ne ressent rien comme les autres et qu’elle ne s’émeut pas facilement car elle n’a pas d’âme,  elle agit quand même bien en bonne demoiselle en détresse quand la situation le veut. Plutôt qu’un manque d’âme j’y ai plus vu une femme au caractère un brin trempé qui pense être comme cela parce qu’elle n’a pas d’âme.

Il n’y a rien de remarquable à écrire à propos de l’histoire en elle-même. Le livre repose principalement sur la romance et la relation parfois gentiment coquine entre Alexia et Maccon. Tout est un prétexte à les rapprocher, se disputer, se tourner autour etc. Si c’est de la romance que vous voulez vous serez servis. Si, en même temps, vous avez envie d’une bonne histoire, mieux vaut allez voir ailleurs. Il y a bien deux-trois pistes intéressantes qui sont lancées mais on sent que l’auteur n’a d’yeux que pour son couple phare et tout est prétexte à leur faire perdre leurs vêtements.
Le style de l’auteur se veut sarcastique et comique et la quatrième de couverture nous l’annonce comme la digne représentante de Charlaine Harris (auteur de la série de vampire True Blood) et Jane Austen (auteur du XVIIIè siècle qui doit se retourner dans sa tombe). J’ai trouvé son écriture pleine d’artifices redondants pour appuyer son ton faussement caustique (je n’en pouvais plus des « Mademoiselle Alexia Tarabotti » à tout bout de champs au bout de vingt pages). Mis à part ces petites formules qu’elle affectionne le style manque cruellement de relief et j’ai eu énormément de mal à terminer ma lecture.

Le Protectorat de l’Ombrelle est une saga en cinq tomes mais le premier ne m’a pas convaincu de poursuivre l’aventure. Ce n’est pas pour autant que je range définitivement la bit-lit au placard car avec une seule lecture à mon actif je manque un peu de perspective sur le sujet. Je suis prête à donner une seconde chance au genre et si des connaisseurs passent par ici qu’ils n’hésitent pas à y aller de leurs recommandations !

Le Protectorat de l’Ombrelle, tome 1 : Sans Âme, de Gail Carriger. États-Unis, 2009. 425 pages, éditions Le Livre de Poche (2012).

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